Ce week-end, je découvre pour la première fois le Fondettes Magic Show. Le festival de cirque et de magie présente déjà sa 8e édition. Dès l’entrée, un orgue de Barbarie nous accueille. Ces quelques notes de musique nous invitent à pénétrer à l’intérieur de la salle. Les effluves sucrées nous indiquent le chemin à suivre. On nous offre une boisson ainsi qu’un sachet de pop-corn caramélisé. Nous sommes ensuite placés autour de grandes tables rondes vêtues de rouge. Lumières tamisées, le décor est planté dans un esprit cabaret.
« Attention Mesdames et Messieurs, dans un instant ça va commencer » entonne Madame Loyal incarnée par Laure Bontaz, empruntant ces mots à Michel Fugain. Chapeau haut de forme et corset, avec son joli costume d’apparat, elle campe un véritable personnage et intervient tout au long du spectacle. Elle reprend des chansons de cabaret telles que Mon truc en plumes (Zizi Jeanmaire), La Parisienne (Marie-Paule Belle) et La scène (Ginette Reno). Madame Loyal officie notamment au Festival International du cirque en Val de Loire ainsi qu’au cirque Bouglione.
Nathalie Romier nous fait voyager au pays de l’humour à travers son numéro La Poule Mistinguett. Elle arrive sur scène en trainant une mystérieuse valise. Poursuivie par un gallinacé, elle nous dévoile son répertoire de la chanson française d’Édith Piaf à Barbara en passant par Mistinguett et Charles Aznavour. Ses changements de costumes se font en un battement de cils. Elle raconte une histoire en incarnant tour à tour ces différents artistes.
Les aléas dans l’univers du spectacle vivant laissent place à de belles surprises. L’absence de Willy Weldens, référence dans le domaine de l’équilibrisme, nous a permis de voir le Duo Benelo. Élodie l’aérienne au physique de danseuse et Benjamin le porteur plus terrestre se complètent. Les figures présentées par le duo restent classiques, cependant les transitions sculpturales apportent une dimension intéressante. Je suis séduite par l’éloge de la lenteur et la maîtrise du geste. On prend le temps d’apprécier chaque seconde. La posture finale m’a fait entrevoir Psyché ranimée par le baiser de l’Amour d’Antonio Canova.
J’ai découvert Jean-Pierre Blanchard, dans l’émission Le Plus Grand Cabaret du Monde. Précurseur de la discipline du speed painting, son geste est parfaitement exécuté. Deux immenses toiles noires, disposées dos à dos sur un chevalet sont le support de son expression. Avec une palette de couleurs très réduite, il utilise le fond de la toile pour donner de la profondeur aux portraits. Au commencement, son tableau est abstrait, puis il prend forme en une pochade expressionniste. La gestuelle est chorégraphiée. Un pinceau dans chaque main, il peint de manière vive. Sur fond musical, le visage de Luciano Pavarotti apparaît peu à peu. Le portrait achevé, l’artiste retourne le dispositif pour donner vie au portrait de Johnny Hallyday sur sa chanson Qu’on me donne l’envie.
Les disciplines au programme sont volontairement diversifiées : jonglerie, magie, ventriloquie, quick change, duo de main à main et speed painting. J’ai apprécié la découverte de tous ces artistes dont certaines esthétiques personnelles me touchent. Le rendez-vous est pris pour les années suivantes.
Le chapiteau de la compagnie Circus I love you s’est installé le temps d’un week-end devant le 37e Parallèle (Tours) pour dévoiler le second opus de son spectacle, intitulé Circus I love you two. En rentrant sous le chapiteau nous sommes accueillis et placés par les artistes en costumes scintillants. Également musiciens, ces artistes pluridisciplinaires vont nous montrer une partie de l’étendue de leur talent. Trois duos se présentent successivement. Au commencement il s’enlacent. Pour clore leurs passages, ils s’enlacent à nouveau.
Le premier duo féminin / masculin incarné par Sade Kamppila & Julien Auger, propose du main à main, une suspension par les cheveux et pour finir un équilibre tête contre tête en montée puis descente d’échelle. Les deux artistes sont vêtus de noir et jaune. Le couple porte un crop top à bretelles fines et un pantalon large. La proposition artistique reste très classique et la mise en scène dépouillée pardonne moins les erreurs qui sont plus visibles. Ce sont les raisons pour lesquelles j’ai été moins séduite par cette partie du spectacle. Cependant, j’ai apprécié l’inversion de rôles, notamment lorsque la femme devient porteur et l’homme voltigeur.
Le second duo masculin composé de Benoît Fauchier & Oskar pourrait être considéré comme un quatuor. Car en effet, les instruments de musique ont la part belle au cœur de leurs acrobaties. Parfois agrès, parfois compagnons de route, l’accordéon et la double basse sont de véritables protagonistes dans le spectacle. Le couple débute par une joute de percussion corporelle et poursuit par des figures avec les instruments et les roues cyr. A cette occasion, j’ai découvert l’agrès original, une sorte de roue cyr coudée. Sa forme graphique permet de nouveaux équilibres.
Le dernier duo féminin / masculin composé de Philomène Perrenoud & Félix Greif, insuffle une toute autre dynamique. Ce couple présente tout d’abord un numéro de funambulisme puis la planche coréenne. Le rythme haletant des acrobaties sur la planche coréenne nous fascine.
La musique jouée en live confère une belle atmosphère au spectacle. Les musiciens ne se trouvent pas sur scène mais sur une plateforme surplombant la piste.
Vous souhaitez voir si Circus I love you s’installe dans votre ville ? >>ici<<
Je sais tomber est un film réalisé par Alain Tasma, diffusé sur Arte. Il est toujours disponible sur le site internet de la chaîne pour le visionner en replay.
Après un séjour en Espagne, Kévin est de retour à la campagne dans l’atmosphère morose de la maison parentale. Il accepte un emploi intérimaire au sein d’un élevage porcin. Un accident de la route avec une conductrice sans permis sera pour lui l’occasion d’une rencontre. Séduit par la jeune femme, il va chercher à la revoir et découvrir ainsi son lieu de travail : un cirque équestre niché au cœur d’une forêt. Voltigeuse de profession, Alice va lui transmettre malgré elle, sa passion. Le silence se fait lorsque le jeune homme l’observe à l’entraînement. Les sentiments grandissants que Kévin éprouve à sont égard vont l’amener à repenser son existence. Fasciné par la liberté et le monde équestre, il s’autorise enfin à son tour à rêver sa vie.
Dés lors, afin d’apprendre les bases de la voltige, il « emprunte » un cheval appartenant à la sœur de son ami Fred. Autodidacte, on le sent fébrile au départ, montant l’animal, équipé de son casque de moto. Plein d’enthousiasme, courbatures et chutes ne parviennent pas à le freiner dans son élan. Il sait tomber et se relever. Ce nouvel apprentissage éclipse sa pratique du judo. La voltige devient une passion qui se révèle sous l’œil goguenard de son amie Julius. Instable professionnellement, il se cherche et claque régulièrement la porte. C’est alors qu’un message providentiel arrive, Alice lui propose de tenter l’audition pour intégrer le cirque équestre.
Bien que Kévin n’ait pas encore le niveau pour se produire, Alice va convaincre le directeur du potentiel de ce jeune cavalier. Ce dernier est finalement accepté pour travailler au centre équestre. Alice lui ouvre ainsi les portes de son univers. Il ne ménage pas ses efforts pour progresser mais cela sera-t-il suffisant pour atteindre son rêve ?
Je sais tomber a réussi à capter mon attention par sa thématique, le jeu des acteurs et le message transmis. Cependant, bien que j’aie apprécié les instants silencieux, hors du temps, j’ai regretté qu’il y ait peu de scènes de performance équestre et les choix esthétiques du réalisateur, trop réalistes à mon goût. Par ailleurs, les acteurs principaux, Benjamin Voisin (Kévin), Aloïse Sauvage (Julius), Margot Bancilhon (Alice) nous entraînent dans ce conte initiatique sur les traces de Kévin dont le cheminement m’a touchée. Je me suis attachée au personnage qui se révèle à lui-même à travers un rêve bouleversant une vie sans grands espoirs.
C’est au Grand Théâtre d’Aix-en-Provence que je suis allée voir le spectacle Donka. J’ai été attirée par le visuel de présentation de cette création : comme en lévitation, un homme s’élance et tourne au centre d’une roue Cyr* sur un parterre de pétales de roses. La silhouette puissante inscrite dans ce cercle en mouvement est une image d’une esthétique épurée qui m’a donnée envie de découvrir Donka. Ce tableau apparaît en seconde partie du spectacle. Il est encore plus magique en réalité qu’en photographie car une pluie de pétales de rose accompagne chacun des mouvements de l’acrobate.
Au cours du spectacle, les tableaux se succèdent et ne se ressemblent jamais. On pénètre les rêveries d’Anton Tchekhov jusqu’à ce que la clochette (Donka) située au bout de la canne à pêche tinte pour prévenir lors d’une prise et nous sorte de nos pensées.
Ce spectacle est une création-hommage à Anton Tchekhov, imaginé par Daniele Finzi Pasca à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de l’écrivain. Voici ce que le metteur en scène nous en dit : « J’ai décidé de découvrir Tchekhov en cherchant les particularités, les détails, en recherchant dans sa vie, entre les pages de ses écrits et ailleurs. J’ai pensé donner une forme aux silences contenus dans ses notes et dans ses journaux et créer des images en partant de ses annotations. Je viens d’un théâtre profondément imprégné du langage des clowns, des jongleurs, du monde délicat et magique de l’acrobatie « .
J’ai profité de ma place, très proche du devant de la scène, pour observer les mimiques et expressions des visages. Les accents des différents personnages ajoutent beaucoup de charme aux scènes théâtrales. J’ai remarqué une petite part d’improvisation en lien avec les alentours de la scène, clins d’œil aux spécificités de la ville de Marseille. Sur un tempo rapide et une chanson entraînante on assiste à l’ouverture. Chorégraphie sur patins à glace, jonglerie, rubans, tissus aériens, roue Cyr, contorsion, portés acrobatiques sont au service de l’imaginaire.
La saynète qui clôture la première partie du spectacle est grandiose. Un lustre de cristal suspendu au centre est composé de glaçons en forme de couronne. Ces éléments diffusent la lumière. Des nymphes en robes blanches vaporeuses semblent suspendues dans les airs. Le rythme s’intensifie et les artistes décrochent tour à tour les éléments constituant le lustre. Ils lancent, jettent, fracassent la glace sur le sol.
J’ai beaucoup aimé le passage du groupe comico-acrobatique en tenue de baigneurs. Toutes les figures sont exécutées au sol, filmées et retransmises en direct sur un écran de tissu sur un côté de la scène. Cela donne lieu à des acrobaties fantaisistes et irréalisables en apesanteur. C’est un joli pied de nez à la gravité.
Plusieurs scènes ont lieu dans un hôpital de fortune plus proche d’une salle de torture. Dans ce cadre, les patients se contorsionnent et tentent d’échapper aux blouses blanches. Il est question de dissection pour découvrir dans quelle partie du corps l’âme se cache. Plus loin, lors d’un monologue on découvre que l’âme des clowns se trouve dans leurs chaussures. L’artiste porte un magnifique costume d’Arlequin à sequins. Cela apporte une part de magie à la réalité du quotidien de médecin d’Anton Tchekhov.
De très belles images nous sont offertes, notamment un théâtre d’ombres s’animant avec objets et personnages. Des jeux d’ombres s’installent sur plusieurs plans, une jeune femme se trouve enfermée dans une bouteille, cette image n’est pas sans rappeler Les aventures d’Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll.
Grâce à cette plongée dans l’univers de Tchekhov, j’ai eu envie d’en savoir plus et de redécouvrir ses œuvres.
Écriture, mise en scène, conception lumière et co-conception chorégraphique : Daniele Finzi Pasca / Musiques et orchestration, conception sonore et co-conception chorégraphique : Maria Bonzanigo / Directeur de création : Antonio Vergamini / Scénographie et accessoires : Hugo Gargiulo / Associée à la création : Julie Hamelin Finzi / Costumes : Giovanna Buzzi / Concepteur vidéo : Roberto Vitalini for bashiba.com / Conception des maquillages et collaboration accessoires : Chiqui Barbé / Conception de la Roue Cyr : Daniel Cyr / Recherche et assistance à la mise en scène : Facundo Ponce de Leon / Coordinatrice artistique : Geneviève Dupéré / Co-conception des éclairages et directeur de production : Alexis Bowles / Artistes : Andrée-Anne Gingras-Roy, Beatriz Sayad, David Menes, Jess Gardolin, Evelyne Laforest, Félix Salas, Francesco Lanciotti, Lydia Gomez, Marco Paoletti, Melissa Vettore, Rolando Tarquini et Stéphane Gentilini
Bosch dreams a été créé en 2016 à l’occasion de l’anniversaire des 500 ans de la mort du peintre médiéval Jérôme Bosch (Hieronymus van Aken). Lors de ce spectacle présenté par Les 7 doigts, la salle, ici le Théâtre de L’Olivier, joue le rôle d’un amphithéâtre empli d’étudiants. En tant qu’étudiants quelque peu indisciplinés, nous nous laissons emporter par nos rêveries lorsque le conférencier entreprend l’étude détaillée du triptyque Le Jardin des délices de Jérôme Bosch. Il analyse avec pertinence les moindres détails des tableaux et tisse des liens avec des créations inspirées par ceux-ci. Nous l’écoutons d’une oreille distraite, nos pensées nous entraînent alors au cœur du triptyque. Le tableau se brouille et prend vie sous nos yeux comme envahi par notre esprit embrumé.
La première scène nous donne à voir, un homme alité, toussotant, entouré de personnages inquiétants qui s’éloignent dés que l’homme semble reprendre conscience. Les tableaux oniriques de Jérôme Bosch sont peuplés de créatures merveilleusement étranges. Les scènes se succèdent et nous plongent dans un état contemplatif.
Le dispositif scénique est ingénieux, les artistes se produisent entre deux écrans, l’un disposé en fond de scène et le second en bord de scène. Dans une semi-pénombre les décors sont projetés sur ces deux écrans, ce qui permet d’intégrer parfaitement les personnages tout en camouflant les structures et agrès. La superposition des plans de projection nous plonge dans l’univers des peintures. Le jeu de transparence crée une profondeur. Les artistes interagissent avec ces décors projetés.
Le conférencier nous apporte ses lumières sur certaines créations. On découvre le lien entre la chanson Riders on the storm de Jim Morrison ou encore la peinture de Salvador Dali et l’œuvre picturale de Jérôme Bosch. Il nous révèle la présence de certaines allégories et décrypte les secrets des tableaux. Au fur et à mesure du spectacle, on découvre la relation entre le père conférencier histoire de l’art et sa fille.
L’univers fantastique et fabuleux de Bosch est parfaitement retranscrit dans ce spectacle. Son riche bestiaire prend vie en créant une sensation de foisonnement. On retrouve également la végétation luxuriante des tableaux. La dualité de l’enfer et du paradis accueille faune et flore fantasmagoriques.
Les transitions sont fluides. Au cours du transport d’une meule de foin, une roue s’échappe de la carriole. Le personnage la poursuit jusqu’à en sortir du tableau. Elle se transforme ensuite en roue Cyr*. Tout comme la roue, les éléments issus du vocabulaire pictural de Jérôme Bosch sont autant de prétextes à l’introduction d’agrès circassiens. Ainsi, une clef se métamorphose en cerceau aérien.
Les performances circassiennes s’intègrent toujours parfaitement à la toile de fond. Les artistes sont également incrustés dans les animations. On s’imagine aisément retrouver les artistes en image fixe sur les peintures d’origine. Les tableaux successifs accueillent du main à main, de la jonglerie du trapèze, de la roue Cyr*, du mât chinois … J’ai beaucoup apprécié le numéro d’équilibre sur cannes au creux d’une bulle. Poitrine nue, l’équilibriste aux longs cheveux blonds, a l’apparence des personnages féminins peints par Jérôme Bosch.
Ce spectacle nous propulse hors du temps dans un véritable tourbillon visuel. Des illusions d’optiques contribuent à l’immersion. Notamment lorsque un homme élégant avec sa canne, inspiré de Salvador Dali, fait du sur-place sur scène, c’est le mouvement du décor qui va donner l’impression que l’homme se déplace dans le musée et s’approche d’un tableau.
Le teaser m’avait donné très envie de voir Bosch dreams mais j’avais peur de ne pas autant retrouver l’esprit des tableaux dans le spectacle. Je n’ai absolument pas été déçue car les animations des peintures de Jérôme Bosch, réalisées par Ange Potier sont remarquables.
Une coproduction : Les 7 Doigts, Theatre Republique / Idée originale et concept : Samuel Tétreault / Scénario : Samuel Tétreault, Martin Tulinius et Ange Potier / Direction artistique et mise en scène : Samuel Tétreault / Consultation dramaturgique : Simon Boberg / Support à la mise en scène : Charlotte Bidstrup, Olaf Triebel et Matias Plaul / Vidéo et animation : Ange Potier / Masques, costumes et décors : Ange Potier / Textes : Samuel Tétreault, Martin Tulinius et Simon Boberg / Artistes : Vladimir Amigo, Kerren McKeeman, Sunniva Byvard, Rémy Ouellet, Mathias Reymond, Mattias Umaerus, Leah Wolff / Direction de tournée : Sophie Côté / Direction technique et chef machiniste : Simon Carrière-Legris / Régie plateau : Mia-Luise Heide / Son et vidéo : Magnus Hansen / Régisseur lumière et opération : Karl Sorensen / Gréage : Ariellah Winther / Création lumière : Sunni Joensen / Création sonore : Janus Jensen / Accessoires : Mette Hammer Juhl / Réalisation des costumes : Bente Nielsen / Kristine Widriksen / Costume du monstre poisson : Mathieu René / Réalisation des masques : Karin Ørum / Maquillages et ailes : Line Ebbesen / Musique : Claire Gignac – La Nef, Nans Bortuzzo, Vivian Roost, The Doors, Philip Glass, Ahn Trio, Grapelli, Duke Ellington, Tom Waits, ChillyGonzales / Production exécutive : Theatre Republique / Production déléguée pour la tournée : Les 7 doigts de la main
Sur une invitation du Festival Circolo, Hollande
Avec le soutien de Wilhelm Hansen Fonden et la Fondation Jerhonimus Bosch 500
Avec le support du Conseil des arts du Canada, Conseil des Arts de Montréal et Conseil des arts et des lettres du Québec.
Intriguée par ce spectacle, Hommes aux mille mains, La Magie Cocteau, je me suis rendue au théâtre des Bernardines avec mon amie Claire. Le théâtre, ancienne chapelle datant du XVIIIème siècle est un fabuleux écrin. J’ai poursuivi du regard ses longues colonnes surmontées de chapiteaux corinthiens. Ayant vu la vidéo de présentation du spectacle, j’avais beaucoup d’attentes au sujet de l’immersion dans l’univers de Cocteau. J’avais envie d’être transportée dans le monde de Cocteau, bien que Philippe Beau ne prétende pas faire un spectacle-hommage. J’imaginais un univers onirique et esthétique qui fasse la part belle à l’artiste.
« Il ne s’agit pas de comprendre, il s’agit de croire. Hommes aux mille mains, ce que vous nous faites croire est plus réel que le réel… » (Jean Cocteau)
J’ai plus particulièrement apprécié les instants magiques où l’art de Philippe Beau rencontre véritablement l’œuvre de Cocteau. Notamment, lorsque des lucioles lumineuses se glissent entre les doigts de Philippe Beau avant d’être projetées sur l’écran et de former un portrait aux lignes claires si reconnaissables de Jean Cocteau.
J’ai aimé le lien entre les dessins, les mots, les films de Jean Cocteau et les tours de magie. Quelques tours plus classiques, tels que celui des anneaux ou du journal déchiré sont moins bien intégrés à l’ensemble.
Envahie par hypnotique, je me suis laissée bercer par l’ambiance sonore de ce spectacle. La voix de François Morel donne vie aux poèmes de Cocteau. Marek Kastelnik accompagne au piano les gestes de Philippe Beau en interprétant les musiques de Philippe Bachman et Eric Satie. On se laisse porter par l’harmonie de cet ensemble.
L’imaginaire de l’ombromanie ne m’a pas transportée. J’ai préféré observer le ballet des doigts, mains et poignets de l’artiste plutôt que celui des ombres projetées. On assiste à une véritable chorégraphie entre pénombre et lumière. Les ombres deviennent intéressantes lorsqu’elles se superposent aux extraits vidéo.
Ce spectacle m’a plu par certains aspects. Cependant mes attentes en terme d’esthétique n’ont pas été tout à fait comblées.
Conception, jeu, ombromanie, magie Philippe Beau
Piano : Marek Kastelnik
Textes de Jean Cocteau (voix off) : François Morel
Dramaturgie : Axelle Corty
Composition musiques originales : Philippe Bachman
Conception vidéo et sonore : Clément Debailleul
Avec le regard complice de Sybille Wilson
Production : La Comète, Scène nationale de Châlons-en-Champagne.
Coproductions : Le Lux, Scène nationale de Valence / Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Toujours dans le cadre du festival Les Élancées, je suis allée voir le spectacle Urban de la compagnie Circolombia au Théâtre de l’Olivier d’Istres. Ce spectacle ne m’était pas inconnu puisque j’avais eu l’occasion de le visionner sur Arte. J’avais été séduite par le rythme et l’énergie déployée. C’est tout naturellement que j’ai choisi d’aller le voir en salle pour mieux ressentir cette ambiance explosive.
Avant que le spectacle débute, une présentation chaleureuse est faite, nous incitant à prendre des photos, faire des vidéos et surtout réagir bruyamment en partageant notre enthousiasme. Notre première vision de l’espace scénique comporte trois écrans-fenêtres aux bords irréguliers, disposés en hauteur, en fond de scène. Ils diffusent des vidéos dépeignant des visages, des rues, des bâtiments de Colombie et servent également à afficher les sous-titres lorsque l’un des artistes raconte son histoire en espagnol.
Les seize artistes qui envahissent la scène, ont quitté la violence des rues de Cali (Colombie) pour parcourir le monde. L’école de cirque (Circo para Todos) leur a permis de s’en sortir. Elle correspond au déclencheur d’un changement de vie radical. L’un des artistes prend un instant au cours du spectacle afin de nous conter son histoire : les caisses de soixante-dix kilos qu’il devait porter sur cinq étages, l’espoir de jours meilleurs, sa rencontre avec le cirque, les tournées, l’argent et la fierté dans les yeux de son père qui lui a conseillé de ne jamais oublier de raviver la flamme de son métier-passion.
J’ai beaucoup aimé l’énergie brute qui se dégage des artistes. Les gestes sont sûrs, vifs. Chaque artiste garde sa propre identité, on le remarque au cours des chorégraphies. Le jeu d’acteur est subtil et donne une impression d’authenticité : sourires, regards, complicité, compétition et affrontements… Le spectacle reprend différentes situations de la vie des rues de Cali. Les confrontations, les guerres de clans sont chorégraphiées tout comme les rêves et les rencontres.
Aucun élément de décor sur la scène, à part un bidon dans lequel s’installe l’un des artistes. Les agrès, les écrans et les lumières constituent les seuls éléments de décor. Les vêtements portés appartiennent au style streetwear : jogging, sweat à capuche, casquette… Certains ont le torse nu, d’autres portent des peintures de guerre. Les corps athlétiques sont soulignés par la lumière. Les jeux lumineux accentuent l’effet cinématographique.
La musique tient une place essentielle dans ce spectacle, où l’on passe du reggaeton au rap ou hip-hop en live. Le rythme effréné nous entraîne et donne de la puissance aux numéros. Les passages de bascule, banquine* et cordes sont accompagnés d’une chorégraphie dynamique. Certaines séquences sont de véritables respirations après ce fourmillement. Je pense notamment au numéro où le porteur supporte uniquement à l’aide de son front un agrès circulaire dans lequel évolue sa partenaire. À cet instant, on retient notre souffle, puis la ferveur reprend aussitôt.
Je vous invite à aller voir cette création si vous en avez l’occasion car vous serez sans aucun doute emportés par l’énergie de ces artistes et charmés par le rythme du spectacle.
Artistes : Francisco Javier Hurtado, Valentina, Juan David, Johann Pachiquin, Wilmar Carabali, Angela Saez, Burbura, Jonathan Mauricio Bonilla Munoz, Julia, Cesar, Jose German Ceballos Cruz, Alberto Murillo Puchi, Laura, Maritza, Jose-Henry Caycedo, Pinki, Julia Saez, Yefferson Murillo Palacios, Dajomes, Harryson
Direction artistique et production : Felicity Simpson
Direction théâtrale Jean-Yves Penafiel, Mark Storor
J’ai découvert Les Mangeurs de lapin à l’Espace Gérard Philippe de Port-Saint-Louis à l’occasion du festival Les Élancées. Seul sur la scène, derrière son piano, le musicien commence à jouer quelques morceaux alors que le public s’installe. La musique est jouée en live, des boucles sont faites avec un sampleur. On en profite pour détailler le décor : des rideaux de velours rouge brillent en fond de scène, une grande encadrure de porte dorée, ornée d’animaux.
Pa Pa Pa Pa Pa, Pa La Pa Pa, Pa Pa Pa Pa ! C’est en fredonnant ce thème emblématique du cirque traditionnel que le trio fait son apparition sur scène. Ces artistes reprennent les codes du cirque classique pour les tourner en dérision. On les observe des pieds à la tête car leurs costumes sont improbables. Le musicien surnommé Mario, porte un gilet de costume sur une chemise à jabot d’une autre époque, tout comme « l’Irlandais du Connecticut » qui lui, porte un kilt agrémenté d’une tête de lapin. Artiste et maître de cérémonie à la fois, le troisième qui veille au bon déroulement du spectacle en dirigeant les opérations, est en costume noir. Il est accompagné par un dernier artiste en chaussettes hautes et short à bretelles. Sous le regard circonspect du musicien, les trois acolytes nous présentent tour à tour des numéros en trio, duo et solo.
Ils usent du comique de répétition : lorsque le quatuor se transforme en groupe de musiciens mexicains pour chanter Pepito. L’un des personnages vole la vedette aux autres en ne les laissant pas participer. Ils attendent inlassablement leur tour pour jouer et chanter. A chacune de ses respirations, ils sont prêts à entamer la chanson mais il reprend de plus belle sans leur en laisser l’opportunité.
L’un des numéros s’intitule « Les ballets (balais) de Paris ». Accompagnés des balais verts de balayeurs, les deux artistes sont travestis en danseuses de ballet. Flanqués d’une perruque blonde, d’une jupette de tulle ou tutu ainsi que d’un justaucorps moulant à l’extrême, laissant transparaître les détails de leur anatomie. L’un s’évertue à virevolter avec grâce lorsque l’autre, bien moins élégant, retombe au sol d’un pas lourd.
Tout est prétexte à l’humour. Les conflits internes à la troupe se reflètent sur le scène. On assiste au retard d’entrée sur le plateau, aux ratages, aux approximations et aux disputes.
Les exercices à la bascule, se complexifient un peu plus à chaque passage. Il débutent par le lancer d’un lapin dans une épuisette et finissent par un sucre dans une flute à champagne.
En anglais très francisé, l’artiste soit-disant « Irlandais du Connecticut » nous détaille toutes ses actions. C’est un prodige de la jongle. Il maîtrise le « juggling with the coussinets » à la perfection. Il nous offre par ailleurs plusieurs numéros de jonglerie, avec des poids, des balles de tennis, puis des raquettes de tennis. Toujours vêtu de son kilt, il ajoute un chapeau dans l’esprit aviateur qui lui permet de rattraper au vol les « coussinets » lancés par les personnes sélectionnées parmi le public.
Gourou Jacques, fakir-contorsionniste à ses heures se pare de sa coiffe et son pagne afin de nous offrir un numéro surprenant. Ses bras se démultiplient pour lui jouer des tours. Il perd la maîtrise de sa seconde paire de bras. L’art de la lévitation lui est permise grâce à son complice.
Les Mangeurs de Lapin incluent des numéros avec des animaux plus vrais que nature. Le dressage des éléphants semble complexe car les animaux se montrent aussi indisciplinés que leurs dresseurs qui se chamaillent tels des enfants. Cependant, ils nous surprennent par leur talent avec les rouleaux américains.
Josie, le dernier toucan du Médoc. Cet oiseau rare perché sur l’épaule de son maître nous dévoile ses incroyables performances ! Il parle presque, doit s’envoler mais finalement est trop malade et reste vissé sur le crâne du maître. Ses tours ainsi exécutés, il est récompensé par des cacahuètes.
Comme une véritable bouffée circassienne délirante, ce spectacle nous transporte dans l’imaginaire loufoque des Mangeurs de lapin.
Direction artistique : Sigrid La Chapelle
Mise en scène : Alain Gautré
Écriture et interprétation : Dominic Baird-Smith, Jean-Philippe Buzaud, Jorge Migoya et Sigrid La Chapelle
Noël était la bonne occasion pour offrir un cadeau immersif à mon frère. Nous partageons la même passion pour les jeux de réflexion. Ayant grandi avec les énigmes du Père Fouras et les jeux de Point’n click sur l’ancien Mac familial, nous avons développé une addiction aux activités qui allient l’aspect ludique à la réflexion. Plus récemment, mon frère m’a fait découvrir les jeux de société Unlock! édités par Space Cowboys, je les ai trouvé très réussis.
Nous avions déjà eu l’occasion de tester une Escape room, proposée par Escape Yourself. Dans la peau d’aventuriers, nous devions récupérer les trésors du Pharaon Siptah, cachés dans son tombeau. Forts de cette première expérience, nous avons décidé de nous remettre au défi. Cette fois, nous avons convaincu nos parents de vivre l’expérience de l’Escape room avec nous. En cherchant une thématique qui puisse nous plaire, j’ai découvert la salle Escape Circus d’Escape Time. J’ai évidemment été attirée par ce thème autour de l’univers du cirque ancien.
Le synopsis général est commun à toutes les enquêtes d’Escape Time. L’agent Alpha est un traître, il fuit à travers les époques grâce à des complices. Au cours de notre immersion circassienne en 1932, il faut retrouver les alibis de chacun des personnages, les confronter et déceler les incohérences afin de déterminer lequel d’entre eux est le complice de l’agent Alpha. Le temps imparti est d’une heure, pas une seconde de plus.
Le maître du jeu, nous ouvre les portes de cet univers, nous accompagne à travers l’écran et délivre des indices lorsque l’on reste bloqué trop longtemps sur une énigme. Son rôle ne s’arrête pas là, il libère l’accès à une salle lorsque l’énigme est résolue, interagit avec nous à travers les objets, incarne un personnage et à la fin du jeu, il nous attribue des points en fonction de notre progression.
Nous retrouvons le maître du jeu au guichet de la caravane-billetterie. Après nous avoir informé sur le jeu, il nous tend un ticket et nous invite à entrer dans le cirque. J’ai apprécié le fait de découvrir au fur et à mesure l’accès à des espaces que l’on ne voit pas de prime abord. La retranscription de l’ambiance du cirque est réussie. Le décor est bien reconstitué, la salle principale est composée d’un espace avec des chaises, une piste centrale et son tour de piste, l’entrée de la cage aux lions, une armoire enchaînée et au mur, on retrouve la roue du lanceur de couteaux. La salle est emplie d’éléments à découvrir, des boîtes mystérieuses, un tricycle, un panier, des valises … La mission commence ici.
Afin de progresser, nous devons résoudre des énigmes, trouver les combinaisons de chiffres des cadenas permettant ainsi d’ouvrir des coffres, portes ou chaînes. L’évolution de l’enquête est bien amenée. On passe de personnage en personnage, découvrant des objets leur appartenant et collectant au passage les alibis. Igor Le Grand le lanceur de couteaux, Vladimir le dresseur de fauves, Thanatos le prestidigitateur, clowns, Lady Cobra la charmeuse de serpent, sœurs siamoises sont parmi les artistes que nous allons rencontrer au cours de notre expédition.
Il s’agit d’être attentif, fouiller les moindres recoins des pièces et objets. L’ambiance sonore est réussie, elle nous accompagne tout au long de nos recherches, elle est parfois d’une aide précieuse. J’apprécie beaucoup le fait que ce soit un jeu collaboratif, chacun fait part de ses déductions. Le fait que le temps soit déterminé ajoute une dose d’adrénaline.
Nous sommes allés au bout de l’enquête, menant à bien les fouilles, résolvant les énigmes, décryptant les codes des cadenas et réunissant tous les alibis. Cependant nous sommes tombés dans un piège en lisant trop rapidement et n’avons pas désigné le véritable coupable.
Cette seconde expérience, me donne très envie de découvrir d’autres salles. Je vous conseille vivement les Escape Game qui laissent un souvenir unique.
J’avais repéré depuis longtemps le spectacle The Elephant in the Room du Cirque Le Roux, mais n’avais pas eu l’occasion de venir à Paris plus tôt. J’ai donc profité d’un court séjour parisien chez mon amie, juste avant Noël, pour découvrir ce spectacle au théâtre Bobino. L’esthétique proposée par l’affiche a suffi pour me séduire.
Conçue comme un générique, la présentation des acteurs nous fait remonter le temps dans les années 30. La poursuite éclaire tour à tour chacun des personnages dont les noms s’affichent en lettrage rétro. Le décor se dévoile. Le salon d’une belle demeure sera le huis-clos, témoin muet d’un crime. La tapisserie du salon couverte de motifs est ornée de trois cadres dont les visuels évoluent au cours du spectacle. Quelques éléments de mobilier trônent dans ce salon : un bureau, un buffet et un sofa.
Un quatuor : une femme et trois hommes ; un couple, Monsieur & Madame Barick alias Miss Betty, accompagné de Petit Bouchon le majordome et de Monsieur Chance, le séducteur américain aux cheveux gominés.
Miss Betty ouvre la première scène, dissimulant dans son décolleté une mystérieuse fiole avant de se cacher dans le buffet afin d’assister discrètement à la scène des trois hommes. Lorsque Miss Betty sort enfin de sa cachette, la tension est palpable. Si John Barick tolère la présence des deux autres hommes, l’attitude de M. Chance va finalement le faire changer d’avis. Lors de sa rencontre avec Miss Betty, M. Chance ne parvient pas tout à fait à ses fins, il use de ses charmes mais elle résiste. Elle se laisse aller peu à peu sous les yeux de son mari jaloux. Dominatrice, elle joue la comédie afin d’attendrir son mari. M. Chance, séducteur invétéré teste alors son charme sur le majordome, Jeune Bouchon. Le majordome surpris dans un premier temps, ne reste pas si indifférent. John Barick de son côté, apprécie la compagnie de Miss Betty. Alors que les plans machiavéliques de sa compagne se révèlent au cours du spectacle, il fait de son mieux pour la séduire. Avec sa moustache lustrée et recourbée à la Salvador Dalí, il tente un rapprochement, joue de sa virilité, pour finir par la couvrir de présents. Miss Betty quant à elle, ne déroge pas à son objectif. Les attentions de son mari ne semblent pas l’émouvoir. Au cours du spectacle, Miss Betty passe d’un rire hystérique à un sourire forcé qui se fige en un instant. Ses faux-cils lui donnent une expression dramatique, en contraste avec le regard tendre de son mari. Petit Bouchon, lui, se laisse porter par les émotions des autres personnages. Il apporte une légèreté à la tension ambiante. Les personnages sont particulièrement expressifs. Les visages se déforment, exagérant les expressions à la façon des acteurs de cinéma muet.
Le titre de cette pièce de cirque The Elephant in the Room fait référence au malaise ressenti par tous les protagonistes mais qu’aucun n’ose évoquer. Le secret est énorme, bien visible mais chacun l’ignore. Ils préfèrent cette atmosphère pesante envahie par les non-dits. En quelques mots, le mariage n’est pas heureux. Est-ce un mariage forcé ? Avait-elle d’autres projets ? À peine le mariage est-il prononcé, Miss Betty se rêve déjà veuve noire.
Lors de la scène de séduction de M. Chance, Miss Betty se glisse au travers du sofa et installe un agrès particulier : un buste de mannequin femme dont la tête a été remplacée par une canne d’équilibre. M. Chance va déployer ses talents d’équilibriste afin d’asseoir son pouvoir de séduction.
Sur le thème La gazza ladra – Overture de Gioacchino Rossini, Miss Betty passe de bras en bras, virevoltant dans un numéro de banquine. Les hommes sont vêtus de dessous blancs à jabots, avec des fixe-chaussettes pour M. Barick et Miss Betty en une combinaison courte à volants. Visage fermé, Miss Betty paraît désincarnée et nonchalante lorsqu’elle est ballotée par ces trois hommes, puis son visage s’illumine de nouveau d’un sourire de circonstance reprenant goût à la parade amoureuse.
Il s’ensuit une valse des lumières. De nombreux abats-jour suspendus et illuminés surgissent. Ils apportent une ambiance lumineuse intimiste. Ce mouvement lumineux précède et donne une autre dimension au duo d’équilibre au sol.
M. Chance et Petit Bouchon nous offrent un duo de claquettes accompagnant la danse acrobatique du couple Barick. La gestuelle est précise et comique. La sensualité de la danse des deux époux amorce un regain de tendresse de Miss Betty à l’égard de son conjoint. Cependant, dés lors qu’il quitte la pièce, la haine cultivée par sa femme ressurgit. Au mur, les cadres sont emplis de photographies des acrobates rappelant l’esthétique du clair-obscur des peintures de Caravage. Cette scène prend vie au cours du spectacle.
Les numéros de cirque sont au service du scénario. On assiste à plusieurs passages de main à main, des équilibres sur canne, un duo d’équilibristes au sol, un quatuor à la banquine, un duo de claquettes, pour finir par le mât chinois. Les numéros sont particulièrement bien amenés et s’intègrent parfaitement aux différentes scènes. Le mât chinois est introduit tel un cadeau, serti d’un énorme nœud de bolduc. Ce présent accompagne un autre cadeau : le costume couvert de motifs de fruits que John Barick offre à son épouse. Miss Betty cache difficilement sa déception. Elle réapparaît affublée de la robe salade de fruits avant de s’élancer sur le mât chinois avec les trois autres protagonistes. Le passage au mât chinois se conclut par une tour formée des quatre artistes. La fin du spectacle accompagnée par la musique d’Ennio Morricone The Trio, est légèrement abrupte.
Ce spectacle d’inspiration cinématographique sur fond de jazz (Joséphine Baker – La Congla Blicoti), d’électro (Metronomy – Nights out / Moderat – A New Error), de musique classique (Gioacchino Rossini – La gazza ladra – Overture) est très réussi. Vous l’aurez compris, ce spectacle m’a enthousiasmée grâce à sa scénographie, sa musicalité, son rythme, son scénario, sa théâtralité, ses costumes et ses numéros circassiens.
Conception : compagnie Cirque Le Roux
Mise en scène : Charlotte Saliou
Musique : Alexandra Stréliski
Distribution : Grégory Arsenal (Jeune Bouchon), Yannick Thomas (John Barick), Philip Rosenberg (M. Chance), Lolita Costet (Miss Betty)
Je vous recommande vivement ce spectacle qui m’a vraiment séduite. Si vous n’avez pas l’occasion de voir ce spectacle en salle car il n’est pas à l’affiche dans votre ville, vous pouvez regarder la captation par TV5Monde >>ici<<.